Contingences maternelles
Home sweet home, me voici de retour à New-York qui ressemble au Tibettepisch de Else lasker-Schüler, baroquement grisonnant de neige moelleuse. C’est étrange de monter et descendre Broadway, de dîner en habituée chez Toast, et de retrouver mes petites habitudes de vieille fille. J’ai l’impression de pourvoir enfin me poser, même si ce n’est que pour trois semaines. Dame de pique appliquée, j’ai tenté de résoudre toutes les contingences maternelles ce matin, après une nuit de long sommeil à peine dérangée par un chaud bienvenue et un bouquet de fleur. Ma valise déjà défaite est dans le placard qui se remplit peu à peu de mes vêtements de coquette, les livres sont harmonieusement jonchés sur le sol, et les frigo est plein (pastrami, salade, frozen yogurt, coca lights et d’affreux bonbons sans sucre). Mais ma plus grande fierté est l’acquisition d’une grande couette blanche (qui se dit efficacement “comforter”) que j’ai mis vint bonnes minutes à faire entrer dans sa housse crème (ici on dit “off white”). Cet achat fait partie d’un très sérieux plan anti-froid initié dès mon arrivée à Paris. Il va de paire avec des collants woolford en cachemire, deux puls doubles de cette matière magique, la décision de plonger dans un bain brûlany au moindre frisson, et d’ingurgiter des litres de jus de fruits bourrés de vitamine C (en France on se contente d’orange, mais ici le must c’est l’acérola).
Du coup, boostée par cette nouvelle chaleur et un après-midi d’hibernation sous ladite couette à re-lire encore et encore Max Jacob, j’ai répondu oui avec enthousiasme pour dîner avec mon ami james et courir dans le lower east side assister au lancement du CD des asa ransom. Même si la découverte des coulisses de groupe (herbe, alcool, et encéphalogramme plat) avait un peu calmé mon enthousiasme originel, je dois dire que leur concert dans un lieu bien plus chic que prévu m’a encore bien fait danser. Article donc sur ces jeunes talentueux à venir pour en3mots. Vers la fin, il était six heures du matin et je me suis adonnée à mon vice préféré : lire en boîte. Et, comme une grande fille, je suis rentrée en métro, arrivant l’un dans l’autre à la page 108 de mon Makine et sans texto rassurant du genre “je suis saine et sauve à la maison” à envoyer. En amérique, on ne fait pas ces choses là. Bref, la liberté, si je ne m’étais pas faite chopper bêtement en écrivant ce texte qui a aussi ouvert mon msn et donc prévenu la moitié de Paris et un peu le campus de columbia que j’étais à la maison.
Demain sera studieux disons jusqu’à 20h : études, gym & Met (enfin on verra) puis après…