Archive pour 21 décembre 2008

L’Avant-garde russe/ Collection Costakis au Musée Maillol

Dimanche 21 décembre 2008

Jusqu’au 2 mars, le musée Maillol expose 200 œuvres issues de la collection de Georges Costakis (1300 pièces), habituellement exposée au musée d’art moderne de Thessalonique.

Grec ayant vécu à Moscou, Georges Costakis a réuni des joyaux de la peinture russe du premier XX e siècle.

C’est l’occasion de comprendre dans ses détails la diversité des courants formant ce que l’on appelle généralement « l’Avant-garde russe » et de se délecter devant de superbes toiles de Malevitch, Popova, Rodtschenko et Nikritine.

Alors qu’on a souvent tendance à limiter l’Avant-garde russe aux années 1920 (avant 1932 et la loi d’airain du réalisme socialiste) et à la voir comme une série de courant circonscrits (cubisme, futurisme, et l’un plus l’autre), l’exposition des pièces maîtresses de la collection Costakis au musée Maillol permet de comprendre combien ce nom générique recouvre des mouvements divers, foisonnants et en dialogue.

Ainsi, la visite commence par des toiles inattendues de Malvitch et Klioune : des portraits quasiment « fauves » de 1909-1910. Dans la « femme en couches » de Malevitch, il y a même quelque chose de Gustav Klimt.

Malevitch

Les toiles des années 1914-1917 de Morgounov, et Oudaltsova sont bien cubistes.

Morgounov

Plus loins, les tableaux du début des années 1020, signés Klioune, Rodtschenko ou Popova sont très géométriques et proches des toiles de Picabia (période « orphiste »).

Rodtschenko

Dérivées du futurisme mais allant vers l’abstrait, les « architectoniques picturales » de Lioubov Popova sont représentatives du courant « suprématiste » (« au-dessus de tout »), crée par Malevitch en 1915.

Popova

En parallèle nait en 1922, le mouvement constructiviste de Vladimir Tatline, qui va vers la matière industrielle, plutôt que vers l’abstrait. La collection Costakis montre deux très belles toiles constructivistes de Tatline : « Relief pictural » et « Contre-relief ».

Se tournant vers les arts appliqués le mouvement constructiviste a encouragé les artistes de l’avant-garde russe à produire des biens de la vie quotidienne : de la vaisselle, des affiches de théâtre, des tracts politiques, et même des plans architecturaux (Kloutsis).

La cuisine communautaire soviétique de Kabukov (1992-1993), exposée en sous-sol depuis maintenant quelques temps au musée Maillol, s’intègre parfaitement dans cette perspective constructiviste.

A l’étage, l’exposition pose l’hypothèse que l’avant-garde russe a survécu à l’impératif socialiste, et que même obligés de renouer avec la figuration, par crainte d’âtre accusés du crime de « formalisme », les artistes ont su jouer avec les limites de la représentation traditionnelle.

Ainsi, après les expérimentations de l’art analytique par Filonov, ou le pinceau sans peintre,  les toiles organicistes de Matiouchine collent des formes ensemble pour en faire des organismes vivants.

Les artistes Rodko et Rodtschenko reprennent les lignes de force de leurs toiles abstraites pour structurer leurs œuvres représentatives.

Et enfin, le surprenant Nikritine insuffle une poésie presque symboliste dans des tableaux en deux dimensions respectant parfaitement l’apparence souhaitée par les censeurs soviétiques.

Très riche, présentant des œuvres époustouflantes et qu’on a rarement l’occasion de voir, « L’Avant-garde russe dans la collection Costakis » est un « must-see » de l’hiver parisien.

A noter
: l’exposition Séraphine, la femme de ménage –peintre dure jusqu’au 5 janvier.

Jusqu’au 2 mars 2009, L’Avant-garde russe dans la collection Costakis, Fondation Dina Vierny, Musée Maillol, 61, rue de Grenelle, Paris 7 è, M° Sèvres-Babylone ou Rue de Rennes, tljs sauf mardi, 11h-18h, 8 euros (TR 6 euros).

Soleil vidéo pour le couchant de la présidence française de l’UE

Dimanche 21 décembre 2008

Du 18 au 31 décembre, « Dans la nuit des images » vous invite à un voyage vidéo, tous les soirs de 17h à 1h du matin, pour fêter en feu d’artifice la fin de la présidence française de l’Union Européenne. Une expérience hypnotique.

Depuis le 18 décembre, le Grand Palais est devenu un support de projections vidéo. L’extérieur même du bâtiment est élégamment habillé de lettres projetées.

A l’intérieur, la nef est emplie de films d’art. Des écrans de toutes les tailles emplissent le grand espace au cœur duquel un « belvédère » a été construit de manière à donner une vue plongeante sur les œuvres présentées.

On y trouve des travaux de vidéastes de renom (Par exemple, les femmes dansante la mondialisation de Nam June-Paik, les elfes de Bill Viola, la main sanglante de Sarkis, la plage de Dominique Gonzales–Foerster, l’éclipse de Chris Marker…), ainsi que des films plus institutionnels (Une visite virtuelle du Grand Palais, et les flash-mobs de Orange).

Nous ont tapés dans l’œil : la galerie vidéo de portraits flamands d’Eléonore Saintagnan et le gigantesque « Naufrage » de Clorinde Durand (dont vous pouvez voir ci-dessous le making-off sur la belle musique de Saycet).

Une experience de sons et d’images émouvants et envahissant dans les ténèbres de décembre à ne rater sous aucun pretexte (même pas la longue queue à l’entrée : cela va vite, finalement !).


« La nuit des images », Grand Palais
, jusqu’au31 décembre , ouvert tous les jours de 17h à 1h (31 décembre jusqu’à 21h), M° Champs Elysées-Clémenceau, entrée libre.

Quelques galeries du Marais

Dimanche 21 décembre 2008

Entre deux courses de Noël, il est toujours bien agréable de se ressourcer dans une galerie. Voici un petit aperçu de ce que l’on peut voir en ce moment dans le Marais.

Les photographies urbaines de Patrick Mimran au Passage de Retz

Jusqu’au 4 janvier, les « Prélèvements urbains » de Patrick Mimran tiennent le haut de l’asphalte dans les salles de l’Hôtel de Retz. Quasi-dicumentaires, ces larges photographies de scènes urbaines dénuées de passants ou de vivants sont d’une beauté aussi minérale que moderne. On notera notamment les dramatiques tombées d’escaliers roulants, la série « Car Parks in New-York » (2006), et la série « Billboard project » qui réunit des clichés plus anciens (fin des années 1990), de plus petit format et plus ouvertement critiques sur notre « société du spectacle ».

Jusqu’au 4 janvier, Passage de Retz, mar-sam, 10h-19h, 9 rue Charlot, Paris 3e, M° Filles du Calvaire.

Les « feux de détresse » de Claure Fontaine chez Chantal Crousel

Réflexion joueuse mais néanmoins glaçante sur le bureau comme prison, les œuvres présentées à la galerie Chantal Crouzel sont de nature diverses. Au centre, une large installation en néon nous demande déjà de revenir : « Please come back ». Sur les côtés, des distributeurs d’eau comme on en trouve dans tous les lieux de travail sont emplis de whisky et de vodka. A l’arrière, un film dérangeant focalise sur un avant bras tatoué. Sur le côté, une des salles présente des sculptures coup de poing : une main de fist-fucking agréablement décorée d’une rolex, et des tasses emplies de crayons de travail mais marquetées aux insignes de la police. L’autre salle vous met sous d’aveuglants projecteurs, sensés être des lampes aux fréquences antidépressives en hiver.

Jusqu’au 14 février, Galerie Chantal Crousel, mar-sam, 10h-19h, 10 rue Charlot, Paris 3e, M° Filles du Calvaire.

Les Atlantides vidéo de Kirill Chellushkin à la galerie Rabouan-Moussion

« Flicker » est le titre de cette exposition. C’est aussi le nom de la pièce maîtresse et matrice du vidéaste moscovite. Un panorama de la ville est projeté sur une sculpture blanche à la base inversée. C’est à la fois très beau, presque apaisant et néanmoins cela donne à réfléchir. A côté de diverses sculptures de polystyrène sur lesquelles des images sont projetées, on trouve aussi des dessins largement expressionistes.

Jusqu’au 10 janvier, Galerie Rabouan-Moussion, mar-sam, 10h-19h, 121 rue Vieille du temple, Paris 3e, M° Filles du Calvaire.


Et aussi…

Les photographies monumentales de James Casebere chez Daniel Templon (30, rue Beaubourg, Paris 3e).

Les chimères de Bharti Kher et le mobilier coloré du producteur de musique Pharell Williams chez Emmanuel Perrotin (76, rue de Turenne et 10 impasse St-Claude, Paris 3e).