Long week-end sous le soleil de Miami (Art Basel)

Attrapant mon avion comme un bus à Lagardia (en traversant d’ailleurs le foisonnant Harlem en transports en commun), jeudi, je suis arrivée vers 19h à l’aéroport de Miami. Rangement rapide du manteau en fourrure dans la valise : il fait 25 °. Rien que le fait de pouvoir se déshabiller sans claquer des dents est un luxe inespéré. Conduite prestement par un taxi haïtien qui m’a entretenue en Français et tutoyée, j’ai fini par trouver l’entrée dramatique (calèche blanche et design modern branché) de notre hôtel au nom hollandais (décidément je suis maudite) : le Gansevoort. Douche rapide, robe noire et c’était parti pour un dîner 100 % Miami dans un restaurant Français mi-marocain, mi cuisine française, avec BO sortie d’une barmitsvah safarade parisienne des années 1990 (Albina, cette année là, aicha, I will survive et j’en passe et des meilleures…). La nourriture était – il faut le reconnaître- bonne, le luxe un peu lourd de l’endroit m’a caressée dans la bon sens du poil, et le chablis était bienvenu après une journée à courir les interviews et les transports. On a tous beaucoup dansé, avec des gens que nous ne connaissions pas et légèrement ivres. Et puis nous avons décidé d’arrêter le fil de la nuit et d’aller dormir. Claquage de grosses bises au propriétaire du restaurant, conseil de guerre dans l’a chambre d’un de mes deux amis et puis nous sommes allés dormir.

Au matin, mon ami, Danny, devait travailler, donc réveil à 7h30. Petit déjeuner paradisiaque sous le soleil près de la piscine avec vue sur mer. J’ai été profondément séduite par le plaisir simple de sentir un soleil fort sur ma peau. Si bien que j’ai décidé de repousser ma visite des galeries et de Art Basel à 11h pour m’allonger en maillot de bain près de la piscine. En plus, j’ai bien fait car aucune des foires n’ouvrait avant midi. Autour de la piscine avec vue sur la mer, il y avait beaucoup de belles plantes et de gars basanés qui parlaient français. Lisant et changeant régulièrement d’angle pour bien absorber les rayons, je n’ai eu que peu de temps pour observer la compétition de lunettes chanel et de bikinis griffés. Après un bain, c’est en baskets que je me suis lancée à l’assaut de la ville. La foire Artbasel a lieu au convention center qui était à distance humaine de notre tout nouvel hôtel au clinquant symapthique mais vraiment sans qualités. L’expo était encore fermée quand je suis arrivée après avoir marché sur le bord de Collins avenue (qui ressemble à une autoroute) sous un soleil de plomb. J’ai donc commencé par les galeries de traverses qui étaient nombreuses.

J’ai bien vite compris qu’à Miami, tout est une question de quantité. Par exemple, un marchand d’art est important quand il a « le plus grand nombre de Picasso au monde ». Contrairement à Art Basel en Suisse, qui a ses off, mais est assez concentrée, l’opulence à Miami vous pousse à vous éparpiller. Et c’est avec plaisir que vous vous laissez épuiser par la profusion, car dans la masse, il y a indéniablement des œuvres de grande qualité. Cela m’a aussi permis de découvrir des galeries d’Arizona ou du Brésil dont je ne connaissais pas même l’existence.

Le nombre de foires « off » est hallucinant. Il y a deux locations principales : à Midtown, nouvelle aire en plein développement – projet dont d’ailleurs l’ami avec qui j’étais s’occupe- où les œuvres sont entreposées dans des « salons » sous des tentes. Et près de la mer, dans de vieux hôtels qui ont du être chics dans les années 1980, et les galeries s’installent littéralement dans une chambre, les hôtes vous recevant sur un lit où sont éparpillées les toiles. En plus ils vous reçoivent bien, avec le sourire, heureux que vous vous penchiez sur leurs artistes, et désespérés de vendre quoi que ce soit où malgré le grand train de vie, les collectionneurs réfléchissent à deux fois avant d’investir des dizaines de milliers de dollars. A la Bridge, côté mer, j’ai poussé la porte d’un galeriste-artiste, apparemment l’ancien amant de Pierre Restany, qui a organisé in situ des lancers de femmes nues couvertes de peintures en hommage à Yves Klein, s’est vanté d’être extrêmement prolifique et a son immense studio au Texas. Plus chic avec son patio aux palmiers, INK se concentrait sur les œuvres sur papiers. J’ai été très impressionnée par de récents Manolo Valdès (d’après les Ménines de Velázquez) et les derniers papillons de Damian Hirst. Comme mon ami travaillait toujours, j’en ai profité pour visiter le « Bass museum ». dans l’escalier trône un joyau issu d’une coopération entre Botticelli et Ghirlandaio, et les deux expositions temporaires étaient très soignées  : une rétrospective de l’artiste Pedro Reyes, qui joue avec la narrativité et les fins possibles d’une histoire, et une expo thématique très réussie sur des artistes contemporains russes, où j’ai retrouvé le collectif AES+F et découvert le très poétique Leonid Tishkov qui a peint un poème pictural en photos sur une homme qui a trouvé la lune (en néon) et ne l’a plus quittés.

A 13h30, enfin, nous poussions la porte de Art Basel. Après une légère et nécessaire collation, nous avons commencé notre tour méthodique, mon ami me coupant dans mes couplets sur Kiki Smith ou Christian Boltanski, et cherchant de quoi décorer son appartement. Avec bon goût, ou en tout cas un flair sûr puisqu’il s’est arrêté chez Malborough pour les personnages fuyants de Juan Genoves et chez Perrotin pour les petites femmes de Aoshima. A 16h30 nous avons sautés dans un taxi pour nous retrouver à Midtown et voir la Scope –où tout n’est que pastiche de grands maîtres contemporains – à Art Miami, très inégale, mais où nous avons revu une des œuvres de fil de Devorah Sperber.

Notre petit tour s’est fini par un vernissage dans un mall à la californienne, où un artiste du nom de Britto devenait « corporate » pour des voitures. Le temps d’un macaron Paul et puis nous sommes rentrés à l’hôtel pour faires les prières du shabbat dans la chambre, prendre une douche et être à l’heure au 28 étage d’un très bel immeuble avec vue sur tout Miami à 21h. De verre de champagne en verre de champagne, j’ai rencontré des gens très chics et nombreux dans l’immobilier ou l’organisation de soirées. Nous avons fini la nuit comme il se doit dans une villa au luxe agressif de « Star Island » où des gens de tout âge buvaient comme dans un Fellini dans un jardin très travaillés avec sculptures et miroirs.

Après une grasse matinée bien méritée, nous sommes sortis pour le petit déjeuner le lendemain et sommes allés au magnifique hôtel Seitan (leading hotel of the world) au charme zen, et raffiné. Chaque orange au centre des tables créait une harmonie avec le bassin miroir du centre de la cour où était servi le repas. La transition vers le toit de notre hôtel qui reproduisait le Nikki Beach en hauteur a été difficile mais amusante. J’ai même étonné tout le monde en nageant dans la piscine (bien plus propre que celle du Nikki Beach). Dans l’après-midi nous avons fini notre tour de Midtown et plongé dans le quartier design de Miami où j’ai dégusté le meilleur repas italien du nouveau monde avant de suivre mon ami dans sa quête d’architecture d’intérieur. Puis nous sommes allés à la Gym, qui est la même que la mienne à New-York en encore plus dramatique (3 étages, miroirs aux décorations mauves et chaînes sur le bord des marches de l’escalier) et gay (David Barton).

Mais samedi soir à 19h, elle était surtout très vide. Pas de sauna, je me suis contentée d’un hammam après le sport. Le temps d’une douche, de manger des céréales bio dans du lait de riz et c’était reparti pour un retaurant pseudo-asiatique qui vient d’ouvrir Philippe et la grande soirée su magazine chic local : Ocean Drive au clinquant club du clinquant hôtel Fontainbleau. Trop de faux seins, trop de Vuitton, trop de Paméla Anedrson posant avec le patron du magazine dans une salle qui ressemblait comme une goutte d’eau au Bobino. Au bout de dix minutes j’ai piqué une grosse crise d’angoisse, alors nous sommes allés manger une glace sur Lincoln Road, sorte de centre commercial et bon enfant (Aix en moins chic) de la ville. Après un dernier brunch au Seitan et un empaquetage rondement mené, nous avions rendez-vous à 12h30 pour prendre un avion privé vers New-York. Et me voici de retour dans un froid polaire, heureuse de retrouver l’architecture vivante de Manhattan.

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