Les solitudes juxtaposées
Tout nouveau, tout beau. Voici mon 3 e blog. Enfin un vrai support après plus de deux ans sur myspace après un vague passage sur Friendset. Si la femme de cendres à son URL, c’est à son frère qu’elle le doit. Merci infiniment.
C’est donc de New-York -où je suis pour un an- que j’entame cette impressionnante page blanche. D’autant plus vertigineuse qu’ici je n’ai pas vraiment l’excuse de mes articles cultures postés sur www.en3mots.com pour remplir les gris.
Seule et malade à New-York, ce week-end de thanksgiving, j’ai eu tout l’heurt de réaliser combien les gens ici sont livrés à eux-mêmes. Le phénomène des solitudes juxtaposées est commun à toutes les grandes métropoles et peut-être à toutes les sociétés de masse où Arendt voyait des hommes et des femmes “désolés”. Mais New-York, avec ses jeunes cadres qui ont quitté le bercail pour partir à l’assaut de la capitale du monde, ses retraités delaissés et ses habitants durs et tout entiers adonnés à remplir leurs objectifs un après un, me semble plus terrifiante que Paris. La semaine dernière, il y avait ce professeur dont j’ai déjà parlé. Trésor de savoir et homme-cvilisation laissé à lui-même et à trois infirmières. Vendredi, j’ai rencontré un autre enfant caché qui jouait et slammait ses textesdans l’un des derniers bars où l’on croit encore à la révolution : seul, avec son groupe et le barman et moi pour tout public. C’est seule que je suis allée à la projection du film de Gus van Sant sur le leader gay Harvey Milk. Et personne n’ayant eu le temps de voir le film, c’est encore seule que je reste avec mon émerveillement pour la performance de Sean Penn. Quand à mes expériences “J-date”, aussi loufoques soient-elles, elles me confortent sans me réconforter dans cette solitude généralisée de New-York, principalement par manque de temps ou de générosité avec soi pour s’intéresser.
Tout à l’heure, j’ai du aller aux urgences de l’hôpital de NYU, histoire de vérifier que je ne couvais pas une pneumonie derrière ma toux rocailleuse. La plupart des gens en soins un dimanche frigorifié de pluie étaient venus seuls. Pour moi, l’expérience fut plutôt drôle : face aux grands chirurgiens baraqués, aux infirmières noires et maternelles, et aux médecins femmes aux cheveux lissés, et impeccables qui rappellent des personnages de Urgences ou Gray’s Anatomy, j’étais au spectacle. Et qui plus est, face à des gens gentils. Mais ma voisine, une femme asiatique maigrissime d’un certain âge était en train de mourir d’un cancer de l’estomac derrière le rideau trop fin qui nous séparait sans atténuer ses plaintes à chaque mouvement salvateurs des médecins. Une camarade italienne est venue me rejoindre dans la cabine d’essayage qui me servait de “chambre”, avec un mal encore plus bénin que moi : une allergie alimentaire qui lui faisait gonfler la langue. Bennedetta était juive, malgré l’encens de son prénom et nous avons papoté cinéma israélien. Je suis donc rentrée seule, heureuse d’avoir au moins trois amis qui m’ont appelée pour avoir de mes nouvelles, et réussissant la première chose positive de la journée : une délicieuse soupe de poulets avec des cheveux d’anges. Comme chaque jour depuis quelque temps, j’ai hâte d’être demain pour parler de visu à quelqu’un. Pour vivre enfin, loin de l’écran calciné et du confort un peu trop frais de ma chambre.
Même si j’écoute en boucle Keren Ann qui me sussure : “On sait qu’il suffit d’être seul. le monde est grand quand on est vraiment seul. je sais qu’il suffit d’être seul. Pour tuer le temps et ne plus être seul. Il suffit d’être seul, mais pas vraiment seul”, en mangeant du crunch, je suis avide de partager.
Un peu de kitsch en final, évidemment:
1 décembre 2008 à 5:49
bienvenue à ce nouveau blog;)
1 décembre 2008 à 6:53
Merci Damien, et comme d’hab, longue vie à Zik4zik
2 décembre 2008 à 5:21
Il est toujours aussi agréable de te lire et toujours aussi frustrants que cela ne soit que par petits bouts… a quand le livre ?
J’espère que depuis la santé va mieux (j’ai moi aussi plus ou moins à la même période grey-anatomisé a mexico). Très beau blog… merci